Portrait de candidat: Baptiste Mesot

Baptiste Mesot (Parti Pirate), 20 ans

Baptiste Mesot (Parti Pirate), 20 ans

Sans aucun doute le plus chevelu d’entre eux, Baptiste Mesot est le plus jeune des candidats interviewés jusqu’ici et surtout celui qui a le plus d’humour. Étudiant en physique à l’Université de Genève, il entamera dès l’an prochain des études en philosophie. Il pratique les AMHE (Arts Martiaux Historiques Européens), un sport de combat qui vise à reconstruire le bagage martial historique du vieux continent dont on n’a gardé que quelques traces écrites et iconographiques. Baptiste Mesot a également participé au SUN (Students’ United Nations), simulation grandeur nature de l’ONU pour les étudiants.

En plus de son humour, de sa pilosité et de ses diverses activités, Baptiste Mesot, c’est tout un personnage! Il se décrit tout d’abord comme quelqu’un de très patient, qui a l’habitude de prendre le temps de comprendre une situation avant d’y participer ou de s’exprimer à son sujet. Il se considère également comme rationnel et provocateur; en effet, ce dernier trait de caractère lui vient du constat que trop peu de gens réfléchissent avant de parler. De ce fait, utilisant la provocation tel Socrate avec la maïeutique, il crée la « vraie » discussion en amenant ses interlocuteurs à quitter leurs dogmes, afin qu’ils expriment ce qu’ils pensent véritablement. Pour illustrer cet état d’esprit, il explique que « sur les réseaux sociaux, les gens ont tendance à se regrouper par centres d’intérêt, ce qui a pour conséquence de rendre le débat stérile car tout le monde réfléchit plus ou moins de la même manière ». Ainsi, en créant l’avis divergent, on crée le débat.

Son goût pour la politique lui est venu de son père, qui le traînait déjà tout petit dans la rue pour récolter des signatures. Mais lorsque Baptiste Mesot a voulu s’engager davantage, le choix du parti s’est avéré particulièrement difficile, tant sa vision de la société lui semblait personnelle et atypique. Il découvre le Parti Pirate genevois à l’occasion de son assemblée constituante le 22 janvier 2011, sur invitation d’une connaissance; ce fut en plein printemps arabe, ce qui stimula son intérêt pour les idées défendues par le tout nouveau parti. Ainsi, il se lança: « soyons fous, faisons partie du comité ». Il en est membre depuis lors.

Mais qu’est-ce donc que ce Parti Pirate? Tout d’abord, c’est un parti au sein duquel règne une confiance mutuelle saine. À Genève, ce qui était assez particulier comparé aux autres sections cantonales, les membres fondateurs ont oeuvré pour la constitution même de leur identité partisane, en se basant sur le message activiste pirate né en Suède en 2006. L’idéologie pirate rejette le dogmatisme; elle s’axe sur les questions liées à la société de l’information, et propose des méthodes de réflexion ainsi que des valeurs. Pour chacune de leurs prises de position, les pirates ont une méthode très structurée: partant du principe qu’il n’existe pas de réponse automatique, ils étudient chaque question tour à tour sous l’angle de la sécurité, du patrimoine commun, de l’environnement et de l’économie, tout en gardant à l’esprit leurs valeurs (liberté, responsabilité, justice, transparence et respect), avant d’entamer une réflexion avec quelques personnes concernées par la problématique considérée, et enfin de prendre une décision (entre pirates) sur l’argumentaire final, qui ne constituera que la position « actuelle » du parti.

Pierre Desproges (humoriste) et Philip K. Dick (auteur de science-fiction) sont les modèles de Baptiste Mesot, à savoir ceux qui caractérisent le plus ses réflexions, sans pour autant diriger ses pensées. Desproges d’abord, car, en critiquant tout ce qui lui plaît, il incite à la réflexion. Quant à Dick, ses nombreux et souvent vastes questionnements incitent à la remise en question et à la recherche de réponses aux grandes questions.

En ce qui concerne la candidature de Baptiste Mesot, interrogé sur ses atouts, il affirme, confiant: « ce que personne d’autre ne peut apporter, c’est moi ». Il considère que toute personne habitant dans l’agglomération franco-valdo-genevoise peut prétendre à une place au Grand Conseil genevois; lui-même souhaite y accéder, car il aime réfléchir à des problématiques données et pense pouvoir amener des points de vue plus rationnels dans les débats, en plus de promouvoir les problématiques liées à la société de l’information, absentes du débat public.

Baptiste Mesot ne veut pas se cantonner à quelques thématiques déterminées, estimant que « savoir changer de sujet est bon pour avoir des idées neuves ». Il se sent extrêmement polyvalent, estimant que la méthode pirate, tendant vers une démocratie participative très poussée, amène le citoyen ordinaire à avoir des compétences dans une multitude de domaines. Cependant, il tient quand même à exprimer son intérêt pour l’éducation (sujet privilégié de ceux qui souhaitent formuler leur vision pour l’avenir) et pour tout ce qui touche à la « morale publique » (ce qui est, pour lui, un très beau pléonasme). Mais chaque thème a une importance cruciale: « si on veut peindre un tableau, on ne va pas donner une seule couleur à des personnes différentes pour qu’elles le peignent sans regarder ce que font les autres: le résultat sera moche ». S’il devait mettre la priorité sur un seul projet, ce serait celui de mettre en place une consultation active du citoyen. Par exemple, lorsque l’Etat initie un projet de construction, les habitants concernés devraient être automatiquement et activement consultés.

Interrogé quant à son avis sur la vie politique cantonale, il dit être récemment passé du point de vue de l’électeur à une véritable analyse de la situation. Du coup, il partage le monde politique entre partis traditionnels et les « autres », comme le MCG, qui fait dans l’émotionnel et qui tient une politique de déresponsabilisation du citoyen. Quant à ses adversaires politiques, Baptiste Mesot ne désigne que ceux qui vont lui opposer des arguments non-rationnels; « celui qui se retrouve coincé dans une idéologie alors qu’il y a un problème à résoudre n’a rien à faire en politique: par exemple, une personne qui ne se rend pas compte qu’il faut des consensus pour faire voter rapidement un budget ». Il pense que la politique devrait être plus présente dans la vie courante.

Il voit Genève comme une ville internationale, qui propose des services d’une excellente qualité: il fait bon y vivre. Le problème est qu’il s’agit « d’une ville en expansion qui n’a pas sa banlieue dans le même pays ». Il affirme craindre pour Genève si le monde politique continue à ignorer la réalité de la société de l’information.

Malgré la faible notoriété du Parti Pirate, il pense que le quorum de 7% des voix est atteignable. En effet, il assure que les pirates commencent à avoir de la visibilité, car ils apportent des arguments qui parlent à beaucoup de gens pouvant, s’ils en ont connaissance, voter pour eux. C’est par cette phrase caractérisant son engagement que s’achève ce portrait de Baptiste Mesot: « qui veut résoudre les problèmes dans le présent sans regarder l’avenir lui montre ses fesses ».

Interview réalisée par Diego Alan Esteban (texte original http://soliloques.blog.tdg.ch/archive/2013/06/19/portraits-de-candidats-baptiste-mesot.html reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur)

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